LA VIE ET L’OEUVRE DE SAINT-EXUPéRY EN EXPO «IMMERSIVE»

Après Monet, Van Gogh, Picasso et bien d’autres, c’est au tour d’Antoine de Saint-Exupéry d’avoir droit à son exposition « immersive » à Montréal. Le petit prince parmi les hommes présente la vie et l’oeuvre de ce géant de la littérature, pionnier de l’aviation et aventurier, disparu le 31 juillet 1944 dans l’écrasement de son avion en mer Méditerranée.

Véritable classique ayant atteint un statut mythique, Le petit prince est décrit comme le livre le plus vendu et le plus traduit après la Bible. Tout événement mettant en scène le héros créé par Saint-Exupéry se transforme presque instantanément en succès populaire.

Jeudi matin, les amateurs du Petit prince faisaient la file pour entrer dans l’exposition, présentée au moins jusqu’au 30 juin — et jusqu’au début de l’année 2025, espère le promoteur Tandem — à la Place Bonaventure. Ces gens ont payé leur billet 35,79 $, mais le tarif grimpe à 54,99 $ aux heures de grande affluence. Un forfait familial est aussi offert à moindre coût.

« L’essentiel est invisible pour les yeux », a écrit Saint-Exupéry — et il y a un prix à payer pour y accéder, pourrait-on ajouter. Le producteur Paul Dupont-Hébert, de Tandem, qui a conçu l’exposition, explique que Le petit prince est devenu une « marque » ayant ses propres règles de mise en marché.

Le promoteur indique que la production de cette exposition lui coûte environ 1 million de dollars, incluant notamment les droits d’auteur, le transport des oeuvres, la location de la salle et la main-d’oeuvre. Il estime qu’entre 30 000 et 40 000 visiteurs viendront admirer les extraits du livre, du film et les artefacts exposés à Montréal.

Les gens tentent de réduire leurs dépenses en raison de l’inflation des trois dernières années, mais ils continuent d’assister à des spectacles ou à des événements qui leur font du bien, souligne Paul Dupont-Hébert. Ils ont besoin de réconfort avec les crises qui font rage dans le monde.

« Les gens ont moins d’argent. On le voit à l’épicerie, tout le monde ne parle que de ça. Mais les gens choisissent ce qu’ils veulent. Ils viennent beaucoup aux comédies musicales. La chanson française marche toujours très bien. Au Centre Bell, il y a aussi plein d’affaires qui marchent », explique le vétéran producteur.

Une vie d’aventures

Le petit prince de Saint-Exupéry « est un vendeur de souvenirs très présent sur toute la planète à cause de la symbolique que ça représente : la philosophie sur la nature, sur les étoiles, sur les animaux. Il y a quelque chose qui va surpasser le temps » dans cette oeuvre traduite en 457 langues, souligne M. Dupont-Hébert.

L’écrivain, journaliste et aviateur est né le 29 juin 1900 à Lyon. Engagé dans l’aviation française durant la Seconde Guerre mondiale, il est disparu lors d’une mission de reconnaissance sur le sud de la France, à l’âge de 44 ans. L’épave du P-38 Lightning n’a été retrouvée qu’en mai 2000 au fond de la Méditerranée.

Saint-Exupéry a été un pionnier de l’aviation en livrant le courrier entre la France et l’Afrique, puis en Amérique du Sud. Il a survécu à de multiples incidents, à cette époque d’essais et erreurs en matière d’aviation. L’exposition Le petit prince parmi les hommes met en lumière l’inspiration issue des longues heures de solitude qui a mené à des classiques comme Vol de nuit, Terre des hommes (nom donné à l’Exposition universelle de Montréal en 1967) ou Le petit prince, publié à New York en 1943.

Les visiteurs de la Place Bonaventure peuvent voir des copies certifiées de lettres, de manuscrits et même du prototype de « vélo volant » imaginé par le jeune Antoine de Saint-Exupéry. Il s’est enfui à vélo (non volant) de la maison familiale à l’âge de 12 ans pour se rendre à l’aéroport situé tout près de là, où il a convaincu un pilote de l’embarquer pour son premier vol.

Quête spirituelle

« Il n’y a qu’un problème, un seul, de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle », a écrit cet humaniste.

Les visiteurs rencontrés jeudi à l’exposition Le petit prince disent avoir passé un bon moment. Le prix d’entrée réduit d’une vingtaine de dollars par rapport à celui de grande affluence a contribué à leur bonheur.

« Il y a beaucoup de travail dans cette expo, c’est évident que beaucoup de gens ont travaillé là-dessus. J’ai appris plein de choses, c’est éducatif », dit Consuelo Guenther, originaire du Pérou — et qui a le même prénom que la femme de Saint-Exupéry, née, elle, en Argentine.

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