COMMENT OBTENIR UN APPAREIL AUDITIF à 0 $ !

Que vous soyez travailleur ou retraité, vous pourriez avoir droit à des appareils auditifs gratuits pour le reste de votre vie grâce à la CNESST.

Vous commencez à être un peu dur d’oreille ? Si votre perte d’audition a été causée par votre milieu de travail, vous avez droit à des appareils auditifs sans qu’il vous en coûte un sou, pour le reste de votre vie. Une économie de plusieurs milliers de dollars, gracieuseté de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Et les piles sont incluses ! 

D’abord, obtenir un diagnostic

Avant toute chose, la surdité professionnelle doit être reconnue par la CNESST, que vous soyez encore sur le marché du travail ou à la retraite. Cela implique une série de démarches à suivre pour établir non seulement que vous avez bel et bien une surdité, mais surtout qu’elle résulte d’une exposition au bruit dans votre milieu de travail, actuel ou passé : usine, scierie, chantier de construction, gymnase… 

Pour la CNESST, le diagnostic de perte auditive doit obligatoirement être posé par un médecin. « Souvent, ce dernier demandera que votre audition soit évaluée par un audiologiste, qui lui fournira des conclusions sur lesquelles il basera son diagnostic », explique l’audiologiste Tony Leroux, expert en surdité professionnelle.

Le bénéfice du doute

Un article de la Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles stipule que si un travailleur devient victime d’une maladie liée à un travail qui présente un risque connu, on présumera que cette maladie est causée par le milieu de travail. « La surdité fait partie de ces maladies, au même titre que l’amiantose, par exemple », souligne Tony Leroux.

Il faudra tout de même que vous prouviez que vous avez travaillé dans un environnement bruyant, et ce, pendant au moins deux ans. Pour ce faire, vous devrez donner les détails de votre historique d’emploi dans les milieux où vous avez été exposé au bruit.

Vous devrez remplir une Réclamation du travailleur que vous trouverez sur le site de la CNESST, ainsi qu’un formulaire particulier pour la surdité. L’organisme va ensuite valider les informations fournies. « Nous disposons de différents moyens pour corroborer l’historique d’emploi du travailleur, notamment en contactant certains employeurs ciblés ou en consultant Retraite Québec », précise Vincent Breton, coordonnateur aux relations publiques de la CNESST. 

Si votre exposition au bruit a duré moins de deux ans, ça se complique, car la présomption qu’il s’agit d’une surdité professionnelle ne s’applique pas. Attendez-vous donc à devoir présenter des preuves plus convaincantes, en plus des formulaires ci-haut mentionnés.

Mieux vaut prévenir…

Un conseil : si vous — ou votre entourage — vous apercevez que vous entendez moins bien, faites reconnaître votre problème d’audition pendant que vous êtes encore au travail. Et ce, même si vous ne ressentez pas le besoin de porter un appareil auditif. Pourquoi ? Pour laisser une trace dans votre dossier de travailleur, ce qui facilitera beaucoup les choses si vous avez un jour besoin d’appareils. Cela peut être judicieux aussi de passer un test même en l’absence de symptômes, car vous pourriez ne plus entendre avec autant d’acuité certaines fréquences (les sons aigus par exemple) sans vous en rendre compte. 

Il est tout à fait possible de faire une demande d’appareil auditif à la CNESST une fois à la retraite. « Mais si la personne a 75 ans et qu’elle ne travaille plus depuis 15 ans, ça devient pas mal plus compliqué de prouver que sa surdité est d’origine professionnelle et non due à l’âge », fait remarquer Tony Leroux.

À ce moment-là, la CNESST va regarder si la personne a fait des dépistages auditifs dans le passé — pendant qu’elle était au travail — et si elle ou son ex-employeur ont toujours les documents pour le prouver.

À quoi avez-vous droit ?

Une fois que la CNESST accepte la demande d’appareillage auditif, vous n’avez qu’à vous rendre chez un audioprothésiste pour obtenir votre ou vos appareils. L’organisme prend presque tout en charge : le coût de l’évaluation audiologique, le coût d’achat du ou des appareils auditifs, les frais liés à l’ajustement, au remplacement, à la réparation des appareils, et même l’achat d’une poire à air pour les nettoyer et les piles nécessaires à leur bon fonctionnement. Le règlement prévoit cependant des modalités et des montants plafonds. 

La CNESST paiera un ou deux appareils auditifs d’une valeur maximale de 700 dollars chacun tous les cinq ans, et ce, pour le reste de votre vie. Il est possible d’obtenir un appareil de plus de 700 dollars, mais sur l’avis d’un audioprothésiste. Par exemple, dans le cas où le travailleur aurait de la difficulté à manipuler de petits objets, en raison de problèmes de dextérité, des troubles cognitifs ou des problèmes d’ordre visuel, précise Vincent Breton, de la CNESST.

On peut aussi obtenir un ou deux appareils à port continu. Ceux-ci s’installent près du tympan, à l’intérieur de l’oreille. Ni vu ni connu. Leur durée de vie est d’environ trois mois. Ils doivent donc être remplacés sur une base régulière. Dans ces cas, la CNESST paie 1 800 dollars par année, par oreille. Pour obtenir ce type d’appareil auditif, vous devez démontrer que votre état (un manque de dextérité fine par exemple) « vous empêche de faire fonctionner ou de vous faire ajuster adéquatement un autre type de prothèse auditive », poursuit Vincent Breton.

Bon à savoir : au besoin, la CNESST paie un appareil pour chaque oreille atteinte, contrairement à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), qui n’en fournit souvent qu’un seul et à des clientèles précises seulement. « Le programme de la CNESST s’appuie sur le principe de réparation, explique Tony Leroux. En fait, on “répare” chacun des organes atteints. » La personne a une surdité aux deux oreilles ? Elle a donc droit à deux prothèses auditives.

Contester un refus ? C’est possible

Si, après analyse de votre dossier, la CNESST refuse de vous payer des appareils auditifs, vous n’êtes pas sans recours. « Comme toute autre décision rendue à la CNESST, l’employeur comme le travailleur peuvent demander une révision administrative », dit Vincent Breton.

« Il faut s’adresser au Tribunal administratif du travail. Vous pouvez vous défendre vous-même, comme c’est le cas à la Division des petites créances », explique Tony Leroux, qui précise toutefois que l’idéal, c’est d’être accompagné d’un avocat.

D’ailleurs, si vous êtes un travailleur syndiqué, vous pouvez bénéficier des services de ce qu’on appelle les plaideurs, soit des membres du syndicat formés pour faire ça. Ils accompagnent les employés qui veulent contester une décision d’arbitre ou, dans ce cas-ci, de la CNESST.

Ce texte vous a plu ? Recevez chaque samedi nos astuces pour faire de l’argent et économiser en vous inscrivant à l’infolettre Dollars et cents de L’actualité. C’est gratuit !

2024-09-07T00:57:42Z dg43tfdfdgfd